La ministre responsable des anglophones du Québec, Kathleen Weil, s’insurge contre la motion votée à l’Assemblée nationale dénonçant le fameux « Bonjour/Hi », que l’on entend de plus en plus dans les commerces du centre-ville de Montréal.
D’après la ministre, cette motion est une insulte à l’endroit de tous les Anglo-Québécois. Saluer d’éventuels interlocuteurs anglophones dans leur langue est tout simplement une marque de respect.
Pour aborder ce problème délicat, il faut essayer de mettre de côté nos émotions de francophone.
Les anglophones habitent le Québec depuis plus de 250 ans. Montréal est leur ville autant que la nôtre; ceux qui ont fui vers Toronto après l’adoption de la Charte de la langue française, en 1977, étaient les personnes les plus ouvertement hostiles au caractère français de Montréal. Bon débarras.
Ceux qui sont restés n’étaient pas nécessairement des francophiles. Un certain nombre n’a pas renoncé aux attitudes rhodésiennes de race supérieure que l’on observait dans la métropole jadis. Mais force est de constater que la plupart parlent maintenant le français, ou le comprennent à tout le moins. J’ose penser que beaucoup d’entre eux savent qui est Gilles Vigneault.
Et comme nous, ils se languissent de voir les Canadiens redevenir l’équipe de rêve de jadis et enfin remporter une autre coupe Stanley. Comme nous, ils pestent contre les cônes orange, le trafic infernal, le métro bondé, l’hiver, etc. Ils nous ressemblent étrangement, vous ne trouvez pas? Et ils nous ont donné Leonard Cohen…
Si les anglophones quittaient Montréal, nous y perdrions tous. Ils méritent notre respect.
Le principal argument invoqué pour défendre le « Bonjour/Hi » est que Montréal est une ville internationale. On y parle une multitude de langues. Il est donc normal d’accueillir les visiteurs par cette formule bilingue. Je serais bien prêt à me rallier à ce genre de raisonnement, sauf que…
Paris est une ville internationale et on y accueille les visiteurs en français; New York est aussi une ville internationale et on accueille les visiteurs en anglais, même si elle est le siège des Nations unies. D’autres villes importantes, comme Genève, Le Cap, Djakarta, Tokyo répondent aux visiteurs dans leur langue nationale.
J’habite la région d’Ottawa depuis une trentaine d’années. La ville deviendra bientôt officiellement bilingue grâce à une décision du gouvernement de l’Ontario. Le maire Jim Watson a toujours refusé de proclamer bilingue la capitale canadienne, sachant que cela signifierait la fin de sa carrière politique. Comme je l’ai relaté dans un article antérieur, il est plus facile de se faire servir en français à Rome ou à Florence qu’à Ottawa.
J’imagine très mal des villes comme Fredericton ou Winnipeg demander aux commerçants d’accueillir les clients par un cordial « Hi/Bonjour », et ce même si le nombre de francophones dans les alentours pourrait aisément le justifier. Si une formule de salutation bilingue est un signe de respect aussi importante, je me demande bien pourquoi les Torontois n’entonnent pas eux aussi la mélodie du bilinguisme…
Saluer les visiteurs par un « Bonjour/Hi » à Montréal serait une belle marque d’ouverture. J’aimerais bien tendre la main à nos compatriotes anglophones de Montréal, mais force est de constater que lorsque les rôles sont inversés, les règles ne sont plus du tout les mêmes.
Ici, à Whitehorse, on se fait de plus en plus souvent accueillir par un cordial « Hello/Bonjour » dans les services gouvernementaux. 🙂
On a toujours été accueillant sans se rappeler que nous sommes vaincus, que notre sentiment d’infériorité se traduit par l’adoption de comportements de colonisés (bonjour Elvis Gratton). Il faut apprendre l’anglais, pas remplacer notre langue première qui devrait faire notre fierté. Que nos jeunes en soient devenus indifférent est inquiétant et révélateur de leur méconnaissance de notre histoire, de ce qui caractérise notre nation.
Le bilinguisme à la Trudeau père et fils est une conception aussi réductrice que déconnectée.Sa place est sur les boîtes de Corn Flakes.
Avec votre respect, Pierre, je pense qu’à un moment donné, il faut sortir de ce genre de pensée, reliquat de carcans politiques d’une histoire révolue (?).
Être fier de sa langue, c’est aussi vivre avec son temps et s’inscrire dans une perspective de progrès, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faille baisser la garde, bien au contraire.
Le bilinguisme (ou mieux, le multilinguisme ou le plurilinguisme) est une richesse, une démarche d’ouverture et de main tendue.
Affirmer le contraire relèverait de l’ineptie.
Il faut pousser nos enfants et notre jeunesse à apprendre et à faire leur l’autre langue officielle de notre pays et, ce faisant, à embrasser le monde avec tout ce qu’il a à leur offrir.
Learn languages. Own the world.
Belle réponse sauf que je continue à croire qu’il vaut mieux parler une langue à la fois, celle de notre nation et d’accommoder ceux qu’on peut lorsqu’on parle leur langue.
Bonsoir