Les Autochtones s’écrit maintenant avec la majuscule initiale et personne ne la remet en question. Il y a une vingtaine d’années, bien des rédacteurs et traducteurs hésitaient à l’employer – un problème typique du français, toujours avare en majuscules.
Certains privilégiaient l’appellation « peuples autochtones » qui évitait la douloureuse interrogation sur la majuscule. Les temps ont changé, heureusement. Bien entendu, on pouvait faire valoir que les Autochtones étaient en fait constitués de plusieurs peuples, ce qui, pour des esprits plus conservateurs, justifiait la minuscule. Il était facile de répondre à cet argument qui relevait du plus pur sophisme.
Personne ne songerait en effet à écrire les asiatiques, les européens. Voilà deux noms collectifs qui englobent aussi bien les Japonais, les Vietnamiens que les Luxembourgeois ou les Roumains. Pourtant, on écrit bel et bien les Asiatiques, les Européens.
Mais qu’en est-il de l’appellation Autochtones? Elle a supplanté l’impropriété Indiens d’Amérique dont Christophe Colomb est responsable. Ayant oublié son GPS à la maison, il croyait aborder les côtes de l’Inde en débarquant en Amérique. Son erreur a persisté pendant des siècles. Mais il existait un synonyme : les Sauvages.
Il existe pourtant d’autres termes semblables à Autochtones : les indigènes et les aborigènes. C’est d’ailleurs ainsi qu’on appelle les Autochtones d’Australie. Y a-t-il une nuance? Je n’en vois guère. Voyons ce qu’en disent les dictionnaires Robert et Larousse.
Aborigène : Autochtone dont les ancêtres sont considérés comme étant à l’origine du peuplement. Larousse : Qui est originaire du pays où il vit. Se dit en particulier des autochtones de l’Australie.
Autochtones : Qui est issu du sol même où il habite, qui n’est pas venu par immigration ou n’est pas de passage. Larousse : Originaire du pays qu’il habite, dont les ancêtres ont vécu dans ce pays.
Indigène : qui est né dans le pays dont il est question (sens vieilli); qui appartient à un groupe ethnique existant dans un pays avant sa colonisation. Larousse : Originaire du pays où il vit. Qui était implanté dans un pays avant la colonisation.
On voit bien que toutes ces définitions se recoupent, mais l’usage semble imposer des variantes. En Australie, on parle des Aborigènes; au Canada des Autochtones.
Mais les dictionnaires ne disent pas tout. Au sens strict du terme, on pourrait par exemple qualifier les Écossais d’autochtones, car ils sont les fiers représentants des populations celtiques qui peuplaient la Grande-Bretagne d’aujourd’hui. Les Aborigènes d’Australie pourraient aussi bien être appelés Indigènes qu’Autochtones.
Le terme Indigène a des relents de colonialisme évident. Dans notre imagerie d’Occidental, nous voyons des peuples primitifs d’Afrique ou d’Amazonie. Je ne vous conseille pas de qualifier un Écossais ou un Irlandais d’indigène…
Pourtant, la presse anglophone du Canada, très politiquement correcte comme on le sait, parle des Indigenous peoples. Il semble que le cousin anglais d’indigène n’a pas la même connotation négative qu’en français.
La définition que donne le Collins Dictionary ressemble étangement à celle du français : people or things belong to the country in which they are found, rather than coming there or being brought there from another country.
Pour être plus précis…
Le mot Autochtones comprend les Indiens (Premières Nations), les Métis et les Inuits, trois peuples différents. Remerciements à Marc-André Descôteaux pour cette précision.