Le verbe acheter s’entend habituellement de l’action de se procurer un bien matériel ou un droit. Mais il s’utilise aussi de manière plus abstraite.
En français
Ces temps-ci, plusieurs recteurs d’université s’abaissent à acheter la paix. On peut donc acheter autre chose que des objets matériels.
Le Petit Robert cite l’auteur Jacques Roumain : « La confiance, c’est presque un mystère. Ça ne s’achète pas et ça n’a pas de prix. »
Mais le plus souvent, le verbe en question implique de verser une somme d’argent. D’ailleurs, le Robert définit le verbe acheter de la manière suivante : « Obtenir un avantage au prix d’un sacrifice. » Par exemple, les gouvernements achètent la libération de certains otages.
Il est également possible d’acheter le silence d’un témoin gênant.
En anglais
« Acheter du temps. » Voilà ce qui arrive quand on est confronté à une situation embêtante et qu’on souhaite l’éviter. Avez-vous déjà essayé de trouver du temps dans des sites commerciaux comme eBay? Évidemment non. Le temps ne s’achète pas, à moins de penser en anglais.
En français, on gagne du temps. Voir mon billet à ce sujet.
En anglais, on entend parfois la réplique suivante : « I don’t buy that. » il serait malvenu de la traduire par « Je n’achète pas cela. » De manière plus idiomatique, on répondra que l’on n’est pas d’accord, qu’on ne croit pas telle chose.
Comme cela arrive très souvent, le champ sémantique anglais apparait comme un boulevard. Dans l’autre langue officielle du Canada, on peut acheter une idée, un mythe, une théorie, etc. En fait, cela signifie que l’anglais nous ouvre plein de portes qui, en français, nous claquent au nez.
En français, on adhère à une idée, à une théorie; on croit les fausses nouvelles et tous les mythes qu’elles propagent.
Revenons à « I don’t buy that. » Selon le contexte, le francophone pourra moduler sa traduction :
- Je m’y oppose.
- Je m’élève contre cette idée.
- Ce point de vue m’apparait erroné.
- Ça n’a aucun sens.
- C’est de la folie pure.
- Jamais de la vie!
Cet article est vraiment intéressant! Bravo André!
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