Spéculer

Les journalistes canadiens spéculent sur les résultats des élections du 19 octobre prochain. Gouvernement majoritaire, minoritaire?

Les puristes monteront tout de suite aux barricades : spéculer, un autre faux ami de l’anglais.

Il est clair que l’anglais speculate peut être traduit par conjecturer, avancer des hypothèses. Mais avant de sauter aux conclusions, il faut lire attentivement les dictionnaires.

Le premier sens donné à spéculer est de réfléchir à une question. Le Larousse précise : « … en faire l’objet de réflexion, d’étude. Spéculer sur l’avenir de l’Union européenne. »

Lorsqu’on réfléchit sur l’Union européenne, on émet des hypothèses, n’est-ce pas? Bref, on conjecture.

Le Petit Robert est moins clair. Spéculer c’est… se livrer à la spéculation. Qu’est-ce qu’une spéculation? Une étude ou une recherche abstraite. Cette définition est didactique, nous dit l’ouvrage. On cite Victor Hugo…

Le français a toujours considéré que la spéculation est d’ordre philosophique, tandis que l’anglais, plus flexible comme toujours, a étendu le sens de ce terme à des réflexions plus terre à terre. Le Collins nous dit : « to conjecture without knowing the complete facts. »

Dans les ouvrages français consultés, seul le Larousse donne un exemple plus moderne, avec l’Union européenne. Dans ce cas, il ne saurait être question de spéculations financières. Il est clair qu’on parle d’hypothèses, de suppositions.

Souvent, le Larousse donne une image plus fidèle de l’état de la langue que le Petit Robert, pourtant plus prisé des langagiers.

La presse française emploie régulièrement spéculations comme synonyme de conjectures. Par exemple, le Figaro évoque les spéculations sur la santé de Poutine.

Doit-on s’insurger contre un emploi plus libre de spéculer et de spéculation?

À mon avis, non.

 

2 réflexions sur « Spéculer »

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