Concession speech

Le candidat vaincu à un scrutin présidentiel aux États-Unis prononce un concession speech. Celui-ci relève d’une tradition et non pas d’une disposition de la Constitution américaine. Le candidat malheureux reconnait la victoire de son adversaire et le félicite.

Comment traduire cette expression?

De prime abord, on serait tenté par le calque, le grand ami des traducteurs paresseux et de certains logiciels de traduction automatique. Donc, discours de concession. Je ne doute pas que bien des langagiers renâcleront devant ce qui a toutes les apparences d’un calque servile.

Les langagiers favorisant cette traduction pourront faire valoir qu’une concession est, selon Le Petit Robert, « Le fait d’abandonner à son adversaire un point de discussion; ce qui est abandonné. » En quelque sorte une renonciation.  

Toutefois, le fait de perdre une élection présidentielle peut être difficilement ramené à l’abandon d’un point de discussion. Il s’agit d’une concession à la portée beaucoup plus vaste. C’est pourquoi cette traduction me parait quelque peu douteuse.

Les rédacteurs et rédactrices voulant s’éloigner de la formulation à l’anglaise pourront parler d’un discours de renonciation, une renonciation étant « Le fait de renoncer à un droit, à une charge. », nous dit le même ouvrage.

La personne qui perd l’élection subit une défaite; elle prononcera donc un discours de défaite. Certains voudront étoffer en disant un discours admettant la défaite, un discours suivant la défaite. Mais nous voilà au royaume de la périphrase, alors que nous cherchons une formulation brève, comme en anglais.

Mais s’agit-il véritablement d’un discours? Tout dépend de la longueur de celui-ci. Car on pourrait être tenté de glisser le mot allocution dans notre texte, une allocution étant un bref discours…

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3 réflexions sur « Concession speech »

  1. S’agissant de reconnaître une défaite – et symétriquement, la victoire de l’autre, « reconnaissance » étant équivoque, pourquoi pas allocution d’acceptation ?
    Ou acceptation tout court (variante valant néologisme) ?

     » Joe Biden a prononcé ce soir, prompteur aidant, une brève (allocution d’)acceptation de son inattendue défaite face à l’incarnation du mal, Donald J. Trump. « 

  2. Il me semble que le terme anglais s’inspire du domaine guerrier ou sportif, dans lequel soit on abandonne soit on s’avoue vaincu. Ces deux expressions ne se prêtent pas vraiment à l’emploi dans une tournure avec « discours ». Il me semble qu’on est dans une situation où le concept de défaite peut rester IMPLICITE dans le contexte. S’il faut vraiment l’expliciter (ce qui me paraît douteux), on pourrait envisager « discours de capitulation ». Mais je préfère « discours » tout court, en veillant à ce que le contexte indique clairement que c’est le discours dans lequel on s’avoue vaincu.

  3. Quoique j’arrive en retard, je vous proposerais une tournure avec le mot « désistement »: faire acte de désistement.

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