Les médias continuent d’utiliser le mot historique à toutes les sauces et leur manie confine au délire total. Bel exemple d’un mot vidé de son sens initial.
Je m’étais promis de constituer un florilège des pires cas, quelque part en 2019. Force est de constater que l’inventivité des journalistes est loin de se tarir.
Voici donc un modeste bilan pour le début de cette année, étant entendu que les cas sont beaucoup plus nombreux que ceux que j’ai recensés.,
Les élections en République démocratique du Congo
Le nouveau gouvernement de ce pays
Nancy Pelosi, élue présidente de la Chambre des représentants
Le changement de nom de la Macédoine, qui devient la Macédoine du Nord
Le déménagement de la Chambre des communes
La visite du pape aux Émirats arabes unis
La victoire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre au Super Bowl.
Il va sans dire que ce nouvel opus grognon de votre humble serviteur est lui aussi historique.
Alors Monsieur Racicot, historique ou pas, cet accord post-Brexit à l’arraché ?
https://www.lesechos.fr/monde/europe/brexit-londres-et-bruxelles-sont-arrives-a-un-accord-1276483
Ce cas illustre une gêne particulière liée à l’emploi du mot :
pas un problème quantitatif d’intensité, un problème qualitatif, de pertinence :
il donne l’impression ici que le Royaume-Uni négocie sa toute première relation avec l’UE, comme s’ils échouaient à faire la paix depuis vingt ans, comme celui-ci ne venait tout juste de quitter celle-là après 47 ans de vie commune (aussi tumultueuse fut-elle).
Il y a dans cet « historique » là un petit goût de Good Friday Agreement entre belligérants parvenant pour la première fois à s’entendre, alors qu’il est question d’un Etat membre auquel les règles de l’Union dont il faisait partie jusqu’en janvier cette année continueront de s’appliquer les cinq jours qui viennent, pour rappel.
C’est en cela, qualitativement, qu’ « historique » me semble inapproprié ici.
Ce qui n’empêche pas de vous souhaiter un joyeux Noë… de joyeuses fêtes inclusives dans le respect de l’Autre 😉